Moustique tigre : en 2024, cet insecte — grand comme la tête d’une épingle, mais champion de la nuisance — couvre déjà 71 départements français (Santé publique France). Depuis 2010, son aire de diffusion a été multipliée par cinq. Bonne nouvelle : nous avons les moyens de riposter. Mauvaise nouvelle : la fenêtre d’action se rétrécit à chaque printemps qui se réchauffe.


Carte 2024 : où le moustique tigre s’est-il installé ?

En juin 2024, Aedes albopictus (alias moustique asiatique, moustique rayé) est déclaré “implanté et actif” dans les grandes villes côtières, mais aussi sur l’axe Lyon-Paris. Bordeaux a rejoint la liste, comme Lille l’an passé.
Quelques repères chiffrés :

  • 2004 : premier signalement autochtone à Menton (Alpes-Maritimes).
  • 2012 : 18 départements concernés, surtout en PACA.
  • 2023 : 71 départements, dont la totalité d’Île-de-France.
  • 2024 : détection précoce dès avril à Strasbourg, record de précocité battu.

L’International Society for Infectious Diseases signale la même poussée vers le nord en Italie et en Allemagne. Les Pyrénées ne sont plus une barrière : Barcelone, Toulouse, puis Rennes ont servi de tremplins. Comme dirait Victor Hugo, « rien n’arrête une idée dont le temps est venu » ; ici l’idée s’appelle climat doux et globalisation.


Pourquoi le moustique tigre prolifère-t-il en France ?

Le combo climat + mobilité

Plus l’été arrive tôt, plus le cycle œuf-larve-adulte s’accélère. Entre 1990 et 2020, Météo-France note +1,7 °C sur les températures moyennes estivales à Marseille. Résultat : cinq générations annuelles d’Aedes au lieu de trois il y a quinze ans.

Les pneus usagés, véritables « Airbnb à moustiques », voyagent sur des milliers de kilomètres. Une cargaison venue du port de Gênes suffit à semer un nuage de larves. L’Institut Pasteur a isolé au Havre, en 2023, un lot infesté sur un conteneur de pièces détachées automobiles.

D’un côté… mais de l’autre…

D’un côté, l’urbanisation crée des micro-cuves (soucoupes, gouttières, chantiers) où l’eau stagne toute l’année.
Mais de l’autre, la raréfaction des grands marécages limite les prédateurs naturels (libellules, notonectes). Le moustique tigre profite donc d’un vide écologique que nous avons nous-mêmes creusé.


Quels risques pour la santé publique ?

Le moustique tigre est vecteur potentiel de la dengue, du chikungunya et du virus Zika. Une simple piqûre peut passer de la fièvre bénigne à l’hospitalisation.

• En 2022, la France a enregistré 65 cas de dengue autochtones (sans voyage préalable) contre 0 en 2010.
• L’épidémie de chikungunya à Castelnau-le-Lez (Hérault) en 2017 a touché 18 patients en deux semaines.
• L’OMS estime que 52 % de la population mondiale vivra en zone à risque arboviroses d’ici 2050.

Qu’est-ce que cela change pour l’hôpital ? Selon la Fédération hospitalière de France, une flambée de 100 cas de dengue coûte 1,2 million € en charges directes (lits, tests PCR, surveillance entomologique).


Comment se protéger du moustique tigre au quotidien ?

Les gestes simples, mais indispensables

  • Vider, retourner ou couvrir tout récipient extérieur une fois par semaine.
  • Installer des moustiquaires fines (mailles ≤ 1,5 mm) sur fenêtres et poussettes.
  • Utiliser un répulsif contenant 30 % de DEET ou 20 % d’icaridine (durée de protection : 6 h).
  • Porter des vêtements clairs et amples ; Coco Chanel approuvait déjà le blanc en été !
  • Signaler toute présence suspecte sur l’application Signalement Moustique (Anses).

Mesures collectives

Les mairies d’Aix-en-Provence et de Nice testent depuis 2023 la technique du “mâle stérile” : 100 000 mâles irradiés relâchés chaque semaine, –60 % d’éclosions observées. Parallèlement, l’Agence régionale de santé Occitanie a lancé des campagnes de porte-à-porte pour distribuer des larvicides biologiques (Bti). Le rapport 2024 indique un taux d’acceptation citoyenne de 72 %.


Foire rapide : vous posez, je réplique !

Comment reconnaître un moustique tigre ?
Rayures noires et blanches sur l’abdomen, pas de rondes nocturnes (il pique de jour), et un vol plutôt silencieux. Taille : 5 mm, soit la moitié d’un moustique commun.

Pourquoi sa piqûre démange plus ?
Sa salive contient plus d’anticoagulants, déclenchant une réaction histaminique marquée. Une étude de l’Université de Barcelone (2023) mesure 30 % de gonflement cutané supplémentaire.

Les huiles essentielles suffisent-elles ?
Non. Le patch citronnelle montre une efficacité < 10 % après deux heures. Gardez-les pour le spa à domicile !


Je referme mon calepin, mais pas la vigilance. Sur ce site, nous décryptons aussi le changement climatique, la biodiversité urbaine et la gestion des déchets : autant de sujets cousins qui façonnent le futur combat contre le moustique tigre. Continuez de suivre ces chroniques, partagez vos observations terrain et, surtout, gardez vos gouttières propres — votre peau vous remerciera.